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« Ce deuil que je n'ai pas réussi à supporter » témoignage 

  • Photo du rédacteur: Maï
    Maï
  • 4 janv. 2020
  • 5 min de lecture



Le récit de Audrey :


« J’ai souvent cherché à trouver un nom à ce que je ressentais. Ça m’a pris quelques semaines avant de réaliser que tous ces sentiments étranges étaient une dépression. J’ai toujours eu honte et peur d’en parler. J’avais seulement 14 ans à l’époque, mais pourtant j’ai vécu un choc qui m’affecte encore aujourd’hui.

Tout a commencé en octobre 2014, j’étais sur ce qu’on appelle un RPG (On se crée un compte facebook et on incarne une idol.).

C’était une échappatoire pour moi qui n’avait pas beaucoup de vraies amies et encore moins une famille aimable.

Je me sentais seule et je m’accrochais à des gens sur internet même si le but n’était que roleplay. Dans différents contextes, ce jeu à beaucoup affecter ma personne même si ce n’était qu’un jeu. Les gens insultaient mon personnage pour toutes les raisons possibles et c’était moi qui pleurait la nuit tombée. Ça été une partie de cette dépression.

Mais en octobre 2014, j’ai rencontré une fille qui jouait Baekhyun (de EXO, un Boysband de k-pop) dans le temps. On a réalisé qu’on s’entendait super bien dans la vraie vie moi et ses amis. Elle venait de France, je vivais au Québec.

C’était devenue ma meilleure amie internet, mais pour moi, tout ce qui comptait c’était de la voir un jour.


J’ai toujours cru aux âmes sœurs, je pense que dans la vie, une personne nous ait destiné. Je vous jure, qu’elle était mon âme sœur amicale.

On a parlé durant des semaines, mais un jour elle m’a annoncé son secret. Elle avait une tumeur au cerveau qui menaçait sa vie. Tous les jours elle pouvait risquer de la finir à l’hôpital. Le seul espoir qui me restait était qu’elle aille mieux et vienne me visiter durant l’été. J’étais comblée de joie quand elle m’a dit que si tout allait bien, on allait se voir en juillet, elle et son meilleur ami.

Mais, en mi-février 2015, ça s’est détériorer : une de ses amies me tenait au courant alors qu’elle était sur un lit d’hôpital, à 5 398 km de moi. On était vraiment proche, comme deux sœurs. On parlait aussi souvent qu’on le pouvait. Malheureusement, son amie m’a annoncé que son état ne s’améliorait pas, qu’elle était épuisée. Ça faisait que se dégrader.

Dans ces temps les plus dure, je n’ai pas réussi à être prêt d’elle pour la rassurer ou même lui tenir la main et ça je m’en suis toujours voulue, encore aujourd’hui.


Ensuite, vers la fin février, son amie m’a annoncée qu’elle ne sortirait pas de l’hôpital, qu’elle allait vraiment mal. J’ai pleuré, et pleuré. Je ne voulais pas y croire. Je voulais juste être prêt d’elle, plus que tout. Vers le début mars elle m’a écrit, la première fois depuis deux ou trois semaines. Elle n’allait pas s’en sortir. Elle m’a dit qu’elle m’aimait, que j’étais sa petite sœur et sa meilleure amie.

Le 4 mars, son amie m’a écrit, « c'est finit… Elle m’a dit avant que je m’en aille, ‘’Reste avec elle (moi), c’est une personne magnifique et fragile qui a besoin de toi’’ ». J’ai passé cette journée à pleurer sa mort. La première chose que ma sœur a dit « Tu ne la connaissais même pas depuis longtemps anyway. ».


Mon père ma belle-mère ont ignoré ma détresse.

Je me sentais seule dans mon monde qui venait de s’écouler. J’ai pleuré et j’ai pleuré.


Au retour à l’école, j’ai perdu de vue quelques amies car mon humeur les agaçait. Je me suis retrouvé seule, à 14 ans, à essayer de combattre tous ces sentiments que je ne comprenais même pas qui m’envahissaient. Plusieurs choses sont arrivés dans ma vie ensuite, j’ai perdu un de mes chats, j’ai délaissée mes amies, les amies que j’avais en commun avec elle sur le RPG sont parties et moi aussi. J’étais en détresse. J’avais de la difficulté à vivre chaque jour. Je ne mangeais plus, je pleurais tous les soirs, j’avais perdu tout intérêt dans ma vie, j’étais toujours épuisée. J’avais un vide en moi qui était omniprésent. Mais je ne savais pas ce que j’avais, peut-être que c’était ça un deuil ? Vers la fin mars, on a un la visite d’intervenants dans un de mes cours. Ils parlaient de la dépression. Tous les symptômes qu’ils ont énumérés me correspondaient. Et scest à ce moment que j’ai réalisé que je n’allais pas bien. J’en ai parlé à mes deux amies proches, les seules qui sont restées près de moi. Elles m’ont conseillée d’aller voir la psychologue de l’école et elle du centre santé juste à côté de notre école. Premier rendez-vous avec la psychologue de l’école : « Un désaaaaaastre». Je me suis sentie jugée par mon environnement, elle a même ri de mon contexte social. J’ai quitté et je ne suis plus jamais revenu. Deuxième rendez-vous avec la psychologue du centre santé. La seule chose que je me souviens, c’est que j’ai seulement dis c’est le deuil de mon amie. La seule chose qu’elle a faite s’est me donner une feuille avec les 7 étapes du deuil et le fait que si je prenais une autre séance je devais aviser mes parents car je n’avais pas encore 16 ans. Je n'y suis jamais retournée non plus. J’étais à nouveau à la case départ, seule avec ma peine. J’ai décidé d’en parler avec mon père, du décès de ma meilleure amie. Il m’a dit qu’il croyait que cette peine était dû au deuil d’une idol, (chanteur de k-pop), il me n’en a pas dit plus. Rien pour me réconforter.

Ensuite j’ai parlé du fait que mes amies qui penseraient que voir une psy aidait. Il m’a répondu et ses assurances paye seulement 60% de ses frais et que je devrais débourser le reste. J’avais 15 ans et je ne travaillais que 10h par semaine. J’ai eu l’impression que cette peine était imaginaire et n’intéressait personne et que peut-être que j’avais juste à vivre avec ça même si chaque jour était douloureux.

À présent, la seule chose qui m’aidait était de passé une à trois soirées par semaine avec une de mes bonnes amies au café du coin. On s’est énormément rapproché, je me confiais à elle et elle se confiait à moi. On parlait de notre avenir, de ce qu’on voulait accomplir. On s’amusait à faire des photoshoot, à prendre des milliers de selfies, à planifier des voyages qui ont jamais eu lieu. L’important était que j’oublie cette peine, au moins pour quelques heures. À mesure que les semaines passaient, je pleurais de moins en moins, J’avais encore cette cicatrice ouverte sur mon cœur, mais ces soirées passées avec cette amie me ramenaient sur terre. J’ai réalisé que cette peine était permanente mais que je pouvais vivre avec. J’aimais ma meilleure amie comme je n’ai jamais aimé quelqu’un, je me suis accroché à elle quand j’étais en détresse comme elle, elle l’a fait malgré sa maladie. On avait passé seulement quelques mois à parler, et ceux-ci resteraient des bons souvenirs à tout jamais que je devais chérir à tout prix. Les médicaments ne m’ont pas soigné, ni les rendez-vous avec des professionnels. Pour moi, et ceci dépend de chacun, la seule chose qui m’a aidé dans cette dépression qui a duré presque 6 mois, était de voir et parler avec une bonne amie. Passer du temps avec les gens qui me comprenait, avoir du plaisir malgré la douleur. Je vous mentirais si aujourd’hui, en ce début 2020, je vous dirais que je n’ai plus de peine. À certain moment important ou plus dure de ma vie, il m’arrive encore d’en pleurer et de me dire « J’aimerais tellement que tu sois à mes côtés pour traverser ça avec moi. » Il a plusieurs choses qui ont causé cette dépression en particulier ce deuil, mais je me suis rendu compte que le plus important, c'est de rester entourée des bonnes personnes et d’aller chercher de l’aide. Aucun traitement ne sera pareil pour chaque dépression car toutes les causes sont différentes, je ne vous cacherai pas que c’est dur, très dur, mais vous n’êtes pas seuls. Nous sommes chanceux aujourd’hui de vivre dans un monde avec beaucoup de ressources pour les maladies mentales. »

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